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PrésentationDepuis 2017, le mouvement #MeToo a contribué à une large prise de conscience de l’ampleur des « violences sexistes et sexuelles » (VSS) que subissent les femmes. Cette « libération de la parole », ou « de l’écoute », s’accompagne d’une dénonciation de la « culture du viol », ou de la « culture du déni », qui gangrène les sociétés démocratiques contemporaines et masque la réalité de la violence de la domination masculine, caractérisant ces dernières. De façon concomitante, un constat d’échec du système pénal est majoritairement dressé. Quoique la part des dépôts de plainte par les victimes de viol ou de tentative de viol soit très faible, un fort taux d’abandon des enquêtes et des poursuites judiciaires est déploré – celles-ci donnant très souvent lieu à un classement sans suite. Alors que le nombre d’affaires qui arrivent jusqu’au procès est minime en proportion des déclarations et même des plaintes, le nombre de condamnations pour viol est faible. Et lorsqu’une condamnation est prononcée, la prison est critiquée, en raison de sa faible efficacité en matière de prévention de la récidive, mais aussi des violences (parfois sexuelles et sexistes) qui y ont lieu. De nombreuses voix féministes s’élèvent pour réclamer de la part des autorités publiques un grand plan de lutte contre les VSS dont le volet pénal comprendrait notamment une redéfinition légale du viol, de manière à élargir le cercle des actes criminalisés, ainsi qu’une politique judiciaire favorisant la condamnation des auteurs. La dénonciation de l’impunité des auteurs de VSS est ainsi devenue un trait marquant du féminisme dominant sur la scène médiatique et semble faire l’objet d’une évidence pour la plupart des théories et pratiques féministes. Pourtant, ce que recouvre ce terme d’impunité, le type de réalité qu’il vise et l’objectif qu’il cherche à atteindre demeurent largement impensés. Le but principal de ce projet est d’interroger le lien entre les théories et mouvements féministes et le sens donné à la lutte contre l’impunité. Sans remettre en cause l’ampleur des VSS, que faut-il entendre par impunité ? À quoi la reconnaît-on ou comment la mesure-t-on ? Comment s’articule la lutte contre l’impunité avec les approches féministes de ces violences et comment est-elle comprise ? Ainsi, en posant la question du sens de l’impunité qu’il s’agit de combattre, c’est le sens des thèses et revendications féministes que ce projet cherche également à interroger. |