Colloque international

 

Colloque international et interdisciplinaire

13 et 14 novembre 2025

Violences faites aux femmes : l’impunité en question

Org. Johanna Lenne-Cornuez et Nicolas Nayfeld

Université Jean Moulin Lyon 3 / IRPHIL

15 quai Claude Bernard, Lyon

Salle Caillemer

 

Argumentaire :

 

Depuis 2017, le mouvement #MeToo a contribué à une large prise de conscience de l’ampleur des violences faites aux femmes et du “continuum des violences” (Kelly 1989) qu’elles subissent. De façon concomitante, un constat d’échec du système pénal est majoritairement dressé. Quoique la part des dépôts de plainte par les victimes de viol ou de tentative de viol soit très faible, un fort taux d’abandon des enquêtes et des poursuites judiciaires est déploré (Le Goaziou 2019). De nombreuses voix féministes s’élèvent pour réclamer de la part des autorités publiques un grand plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dont le volet pénal comprend notamment une redéfinition légale du viol, de manière à élargir le perimètre des actes criminalisés, ainsi qu’une politique judiciaire favorisant la condamnation des auteurs. La dénonciation de l’impunité est ainsi devenue un trait marquant du féminisme dominant sur la scène médiatique et semble faire l’objet d’une forme de consensus. De très nombreux ouvrages constatent l’impunité dont ont bénéficié les agresseurs et font de la fin de l’impunité leur mot d’ordre (Devynck 2022 ; Gagnet 2025 ; Mathieu 2025 ; Salmona 2017 ; Rome 2024 ; Ronai et Durand 2021).

Pourtant, ce mot d’ordre n’a pas toujours été celui des féministes qui ont pu, par exemple en France dans les années 70, vouloir dénoncer les violences faites aux femmes (et en particulier les crimes sexuels) sans s’en remettre à l’État pénal pour les punir, notamment par opposition au système carcéral (Bérard 2014, Zancarini-Fournel 2020). De plus, il existe une critique féministe du « féminisme carcéral » (Bernstein 2007), c’est-à-dire “l’engagement des militantes féministes [...] en faveur de politiques axées sur la répression et le maintien de l’ordre (law and order agenda) et [...] une dérive de l’Etat providence vers l’État carcéral pour assurer la mise en œuvre des objectifs féministes”.  Cette critique émane de théoriciennes anti-racistes (Davis et al. 2022), anticapitalistes (Gruber 2020), opposées aux stratégies néolibérales de contrôle social (Berstein 2012 ; Taylor 2018), à la gouvernance institutionnelle de la liberté sexuelle (Halley 2018) et à la « normalisation » de la sexualité (Gersen et Suk 2019). Si ces dernières approches convergent le plus souvent vers une forme d’abolitionnisme carcéral, voire pénal (Ricordeau 2019, Coquet 2021), d’autres perspectives refusent une opposition jugée caricaturale entre un féminisme punitif et un féminisme abolitionniste menant à une impasse théorique et stratégique (Terwiel 2020) ou à un recul dans la défense des victimes (Gotell 2015). 

Il s’agit alors de se demander comment le féminisme peut s’adresser à la justice pénale sans “surinvestissement législatif” (Darsonville 2012) ; sans prêter le flanc à une rhétorique punitive et à des objectifs sécuritaires qui l’instrumentalisent pour promouvoir une politique répressive qui se détourne de la quête d’égalité et de réforme sociale. La critique féministe du droit peut permettre d’envisager des réformes du système pénal favorables au respect égalitaire des droits de chacune et chacun, redéfinissant ainsi l’impunité en un sens pertinent pour les objectifs féministes (Lorca 2024). De plus, la compréhension de la diversité des attentes de victimes de violence vis-à-vis de la justice (McGlynn et Westmarland 2019), ne recherchant pas la punition de façon primordiale, peut permettre de mieux cerner les limites des procédures pénales et d’envisager des réponses alternatives.

En somme, le but principal de ce colloque est d’interroger le lien entre les théories/mouvements féministes et le sens donné à la lutte contre l’impunité, de discerner les difficultés morales, politiques et juridiques que ce mot d’ordre recouvre, et d’interroger la justice des réponses institutionnelles et des alternatives envisagées face aux violences massives faites aux femmes.

 

Programme :

 

Jeudi 13 novembre

Full English Day
9:30 AM – Introduction by Nicolas Nayfeld, Johanna Lenne-Cornuez (coordinators) and Vanina Jobert (vice president for equality and anti-discrimination)
9:45–10:30 AM – Nicola Lacey
10:30–11:15 AM – Rocio Lorca
11:15–11:45 AM – Break
11:45 AM–12:30 PM – Clare McGlynn
12:30–1:30 PM – Lunch
1:30–2:15 PM – Margaux Coquet
2:15–3:00 PM – Jean-Christophe Angaut
3:00–3:30 PM – Break
3:30–4:15 PM – Nicolas Nayfeld and Johanna Lenne-Cornuez
7:30 PM – Dinner at Le Mondrian

 

Vendredi 14 novembre

9h30 – Mot d’accueil (Nicolas Nayfeld et Johanna Lenne-Cornuez)
9h45–10h30 – Michelle Zancarini-Fournel
10h30–11h15 – Jean Bérard
11h15–11h45 – Pause
11h45–12h30 – Melis Demir
12h30–13h30 – Déjeuner
13h30–14h15 – Justine Vinay
14h15–15h00 – Audrey Darsonville
15h00–15h30 – Pause
15h30–16h15 – Alexane Guérin
16h15-17h – Véronique Le Goaziou

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